samedi 24 janvier 2015

Le venin et l'antidote




"Istanbul gronde. Des élections se sont faufilées dans le collimateur du magma turco-démocratique. Exempte du droit de vote de par son statut d’apolitique touriste, Pomponette n’en suit pas moins les débats avec intérêt et suspicion, comme il se doit. Elle craint que l’islamisme n’islamise un peu trop les islamistes déjà islamisés mais fait confiance aux islamistes point trop encore islamisés pour ne pas se laisser excessivement islamiser. Quant aux musulmans, elle ne sait pas. Il faudrait qu’elle se renseigne."

Claro, Dans la queue le venin, p. 143 
(L’Arbre Vengeur, 2015)


Moi qui d’ordinaire fuis la littérature érotique comme la peste, à plus forte raison si elle est hétérosexuelle (c’est ajouter l’embêtement à l’ennui), j’ai lu en une bouchée cette petite pochade libidineuse mais féministe, où ce sont surtout les mots qui copulent, et plutôt joyeusement (on y lira du reste une très belle page sur la sodomie, l'auteur supputant que le rectum est le siège de l'âme, "cette pouffiasse sublime"). Ça paraît dans trois semaines, vous ne pourrez pas le rater : la couverture est d’un jaune éclatant, à faire pâlir les canaris. Éclatante est aussi l’actualité du texte — ce qui est d’autant plus fort qu’il n’est donc pas encore paru — comme le prouve le passage ci-dessus, absolument pas représentatif d’ailleurs, mais on comprendra qu’il m’ait frappé. En tout cas, Claro est le contre-poison qu’il faut aux lecteurs de Houellebecq : grâce à lui ils découvriront un personnage de femme, une vraie (1), qui baise et qui pense, ça leur fera tout drôle.

(1) À lui seul son nom — Pomponette Iconoudoule — est un gage de réalisme. 



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